Valérie Pécresse se créerait-elle une principauté d’Île-de-France pour se consoler de son échec aux présidentielles de 2022 ?

Valérie Pécresse semble inconsolable de son échec aux élections présidentielles de 2022. N’ayant pas réussi à se faire élire à la fonction suprême, elle souhaite obtenir pour la Région Île-de-France un statut particulier lui permettant une certaine autonomie. Parmi les « quarante propositions tendant à modifier ou à adapter des dispositions législatives ou réglementaires en vigueur concernant les compétences, l’organisation et le fonctionnement » plusieurs classées dans le registre « vie institutionnelle » certaines tordent tout simplement l’article 1er de la constitution et le principe d’une République indivisible. Il s’agit notamment des propositions conférant « à l’Île-de-France un statut particulier pour rendre pleinement effective sa libre administration » ou encore celles autorisant « les Régionales à recourir à l’agence de services et de paiement pour conduire leurs politiques publiques » ou encore de « payer en toute autonomie sans passer par la Direction Régionale des Finances Publiques ».

L’élaboration de cette longue liste au Père Noël ne repose bien évidemment sur aucune étude d’impacts, encore moins d’études budgétaires dans la mesure où l’exécutif régional considère que le transfert de compétence ne peut s’effectuer qu’avec le transfert des ressources à l’euro prêt ! Pourtant n’y-a-t-il pas des études à mener sur les impacts de la mise en concurrence des territoires et le dumping social que vont subir les salarié.e.s tant au sein de la Région Île-de-France que des territoires limitrophes générés par la mise en œuvre d’un SMIC régional ou par la régionalisation du pilotage du service public de l’emploi ? La question se pose aussi sur l’ensemble des compétences relevant de la formation professionnelle, qui sera avec les propositions de Pécresse encore davantage à la main des besoins uniques et adéquationnistes des entreprises du territoire.

Sans parler des effets néfastes sur l’éducation, avec la proposition pour « le recrutement de professeurs associés dans les lycées pour ouvrir le corps enseignant à la société civile face à la crise des vocations ».

Enfin et surtout, il y a une véritable charge contre la démocratie. Qu’il s’agisse de la composition des conseils d’administration des lycées généraux et technologiques, ou encore du Conseil Économique Social et Environnemental Régional (dont la composition est régie à date par le Code Général des Collectivités Territoriales) le comportement actuel de la Présidente de la Région vis-à-vis des oppositions qu’elles soient politiques ou syndicales ne laisse que peu d’optimisme sur le respect du pluralisme et du débat contradictoire.

Pour justifier sa démarche, Valérie Pécresse met en avant la défaillance de l’État en précisant que la Région fera toujours mieux que l’État qui ne fait rien. N’est-il pas un peu présomptueux de la part de la Présidente de la Région Île-de-France, Présidente de l’Autorité Organisatrice Île-de-France Mobilités prétendre qu’elle fera mieux ? Prenons justement le seul exemple des transports. Une autorité organisatrice au bord de la faillite qui ne cesse de recourir à l’augmentation des tarifs non pas pour financer une amélioration de l’offre de transport mais pour financer une offre dégradée puisque jamais remise au niveau d’avant la pandémie de Covid19.

Comment ne pas être inquiet face à cette démarche et à la réponse qu’apportera la Première Ministre à cette saisine alors même que nous ne pouvons que constater l’incapacité de la Présidente de la Région Île-de-France et de sa majorité à assumer l’ensemble des prérogatives dont elles ont la responsabilité.

Au travers des axes politiques revendiqués par Valérie Pécresse, force est de constater que cela s’inscrit dans une volonté de mettre les services de la région Île-de-France et les politiques publiques aux services de quelques entreprises pour accentuer les inégalités territoriales sans jamais apporter de réponses concrètes aux problématiques de logement, de mobilité, d’emplois ou de formation, rencontrées par les salarié.e.s, les étudiant.e.s, les privé.e.s d’emplois, les retraité.e.s.

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